Écrit par Sébastien Madau
Environ 70% de la population
cubaine est née après 1962 et n’a donc vécu que sous embargo. photo S.M.
L’assemblée générale de l'ONU se prononce mardi 27 octobre sur la motion cubaine demandant la levée du blocus américain qui frappe l’île depuis 1962. Rapprochement oblige, Washington pourrait s’abstenir.
L’Assemblée générale de l’ONU
s’apprête peut-être à vivre un moment historique aujourd’hui avec la résolution
présentée par Cuba intitulée : « Nécessité de lever le blocus économique,
commercial et financier imposé à Cuba par les Etats-Unis d’Amérique ».
Chaque année, le texte cubain est
soutenu à la quasi-unanimité par la communauté internationale (lire
ci-dessous). Les Etats-Unis et Israël en fidèle allié s’obstinant à voter
contre. Cette année, en revanche, il n’est pas impossible que la délégation
américaine décide de s’abstenir. Ce qui serait en soi une avancée majeure dans
les relations entre les deux pays qui ont annoncé leur rapprochement le 17
décembre 2014 et dont les relations diplomatiques ont été rétablies cet été.
Pour motiver sa motion, Cuba a
présenté comme chaque année un rapport dans lequel sont énumérés les amendes,
restrictions, marchés manqués... du fait de la politique américaine. Une
politique qui touche en premier lieu les sociétés américaines mais dont le
caractère extra-territorial n’a pas épargné d’autres sociétés, et notamment
françaises (lire encadré ci-contre).
Barack Obama
admet l’échec de la politique américaine
Le 28 septembre dernier, le
président Barack Obama s’était exprimé en personne devant l’ONU, en présence du
président Raul Castro, pour affirmer sa volonté de voir le blocus se terminer.
« Je crois que nous devons être assez forts pour reconnaître les choses
quand ce que nous faisons ne marche pas. Pendant 50 ans, les Etats-Unis ont
mené vis à vis de Cuba une politique qui a échoué à améliorer la vie du peuple
cubain », avait-il déclaré.
« Nous avons changé cette
approche. Nous continuons à avoir des différences avec le gouvernement cubain,
nous continuerons à défendre les droits de l’Homme, mais par le biais de
relations diplomatiques, commerciales et humaines ».
Des propos qui ouvraient la porte
à une confirmation de ce positionnement lors du vote de ce matin.
A cette même tribune, pour sa
première intervention à New-York, le président cubain Raul Castro avait
conditionné le rétablissement total des relations entre les deux pays
uniquement « quand sera mis fin au blocus économique, commercial et
financier contre Cuba ».
Le Congrès a le
dernier mot
Comme tous les votes de
l’Assemblée de l’ONU, celui-ci n’a pas de valeur contraignante. Si toutefois la
délégation américaine venait à voter pour la levée du blocus voire à
s’abstenir, cela porterait une forte pression politique et diplomatique sur le
Congrès américain (à majorité républicaine), opposé au rapprochement avec Cuba
et qui est la seule instance compétente pouvant voter par la loi la levée.
Pour l’heure, des avancées ont
été possibles après la publication de décrets sur l’autorisation de voyages sur
l’île, les échanges professionnels ou l’ouverture de lignes aériennes.
Aux Etats-Unis, les enquêtes
montrent que l’opinon est favorable à la levée de l’embargo. Que ce soit la
jeune génération cubano-américaine ou des entrepreneurs conscients des
opportunités d’affaires sur l’île.
Si le blocus venait à être levé,
La Havane a d’ores et déjà annoncé qu’elle entamerait d’autres mobilisations
sur la question de l’indemnisation financière pour les dommages subis durant 53
ans ainsi que sur la restitution de la base de Guantanamo.
Cette enclave de l’Est de Cuba
est occupée par l’armée américaine depuis le début du 20e siècle. Si le
président Obama s’est engagé à fermer la prison où sont enfermés des détenus
post-11 Septembre en dehors de tout droit international, il n’a jamais annoncé
son intention de restituer le territoire.
Le rapprochement est donc en
bonne voie mais la route est encore longue. Beaucoup plus que les petits 140
kilomètres séparant La Havane de la Floride.
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