miércoles, 24 de octubre de 2012

Le socialisme cubain ouvre une nouvelle voie




Par  Sébastien Madau 
Dimanche 21 octobre 2012
 
La nouvelle est tombée mar­di : au travers d’une réforme de la loi migratoire de 1976, les Cubains n’auront plus besoin de permis de sortie pour se rendre à l’étranger. Un passeport suffira. Exit aussi la lettre d’invitation que devait payer l’invitant. La réforme entrera en vigueur le 14 janvier 2013 et s’inscrit dans le cadre des mesures impulsées par le président Raul Castro depuis son élection en 2008.

Le sujet était régulièrement abordé dans les instances. Les attentes étaient fortes. Au début de la Révolution, Cuba a déve­loppé du capital humain et régle­menté les flux migratoires afin de limiter la fuite des cerveaux, dans la santé, l’éducation ou la recherche. En 1960, l’île avait perdu trois de ses six millions de médecins. La première phase de départs (années 60) était de na­ture politique. Dès les années 70, mais surtout depuis les années 90, l’immigration est presqu’en­tièrement économique. Il n’est pas exclu que certaines profes­sions soient concernées par des mesures particulières.

Le choix donné aux Cubains

Dans son éditorial de mardi intitulé « Par la volonté commune de la Nation cubaine », Granma, quotidien du Parti communiste, lie la nouvelle aux relations avec les Etats-Unis. « La politique mi­gratoire de Cuba (...) s'est basée sur la reconnaissance du droit des citoyens à voyager, à émigrer ou résider à l'étranger et à la volon­té de favoriser les relations entre la Nation et son émigration. En même temps, nous avons légiti­mement le droit de nous défendre face à l'agressivité de Washington » lit-on. L’éditorialiste estime que « les dispositions pour réguler les flux migratoires du pays, ont été adoptés dans des circonstances imposées par les agressions qui dans ce domaine ont été appliquées par les différentes administrations nord-américaines ». La nouvelle a beaucoup fait parler sur l’île et a provoqué des réactions de l’étran­ger, notamment des Etats-Unis. « Nous saluons évidemment toute réforme qui permet aux Cubains de quitter leur pays et d'y revenir librement », a déclaré la porte-parole du département d'Etat américain Victoria Nuland. Il sera intéressant de voir si les Cubains solliciteront la Section des Intérêts Nord-américains à La Havane, qui joue le rôle d’am­bassade. Les Américains ayant jusque-là préféré inciter en sous-main l’immigration clandestine.

Toutefois, plusieurs questions restent en suspens: quelle utilisa­tion les Cubains vont faire de ce nouvel acquis de la Révolution? Doit-on s’attendre à un exode massif? En effet, souvent pour des motifs idéologiques, Cuba a été montré du doigt pour sa poli­tique migratoire. On y dénonçait les barrières bureaucratiques. En revanche, rarement le thème de la gestion de flux migratoires massifs en provenance de Cuba n’a été abordé. Sans oublier que la réforme cubaine n’enlève pas l’obligation d’obtenir un visa du pays étranger qui aura le dernier mot.

En fait, l’originalité vient de la volonté de l’Etat de l’inscrire dans le cadre de l’actualisation du socialisme cubain lancée en 2008. Depuis 20 ans, la chute de l’URSS et la crise mondiale n’avait pas permis à Cuba de dé­boucher vers de nouveaux acquis majeurs comme ce fut le cas au début de la Révolution (santé, éducation, sciences, culture). La politique menée avait surtout pri­vilégié le maintien, avec succès, de ces acquis.

Aujourd’hui , Cuba fait le pari de considérer ces Cubains d’ailleurs comme des acteurs po­tentiels du développement de l’île, et de laisser à chacun le choix d’y contribuer.

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